Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CINE CLUB ... L'ÎLE VERTE
CINE CLUB ... L'ÎLE VERTE
Archives
20 juin 2013

"Cagliostro" / "Cagliostro - Liebe und Leben eines großen Abenteurers", film franco-allemand de Richard Oswald (1929)

Film long métrage franco-allemand, noir et blanc, muet, 1929

Titre original : Liebe und Leben eines großen Abenteurers

Réalisé par Richard Oswald

Interprétation : Hans Stüwe (Cagliostro), Renée Héribel (Lorenza), Alfred Abel (le prince de Rohan), Ivan Koval-Samborsky (Benito), Rina De Liguoro (Laura, marquise d’Espada), Charles Dullin (le marquis de Espada-Comte de Breteil), Illa Meery (Jeanne de la Motte)
Durée : 58 min (durée originale 120 min)

Éditeur : Potemkine Films et La Cinémathèque française, dispo à la médiathéque Fellini.

cagliostro-sweden

Synopsis : L'alchimiste-aventurier Cagliostro se fait admettre à la cour du roi Louis XVI grâce à ses tours de magie. Prédisant à la reine sa fin tragique il tombe en disgrâce. Pour se venger il participe à l'affaire du collier ... avant de finir dans les géôles de l'Inquisition à Rome.

 

CAG2 escher-hand-with-reflecting-sphere-medium

Troublante ressemblance ...

Film perdu, reconstruit à partir de bribes (les extrait pour enfants de la collection Pathé Baby, des morceaux du négatif) dont l'ensemble ne représente qu'une petite moitié du métrage original. A priori rien de bien passionnant et pourtant la vision du film - et quelques recherches - m'ont fait découvrir tout un pan du cinéma français de l'entre deux guerres.

Le film est l'oeuvre de Richard Oswald, un réalisateur autrichien qui démarre sa carrière en 1914 avec des films fantastiques (Nächte des Grauens avec Emil Jammings, 1916), profite de l'ouverture d'esprit de la République de Weimar pour réaliser sans doute le premier film pro gay (Anders als die Andern avec Conrad Veidt, 1919), touche au film d'éducation sexuelle (genre alors populaire et toléré par la censure), adapte des grands classiques (Le tour du monde en 80 jours, Le Chien des Baskerville), avant de partir en France en 1929 rejoindre les studios Albatros créés en 1924 par Alexandre Kamenka, un producteur ayant fuit la Russie avec ses techniciens et ses acteurs. Albatros produira les films de réalisateurs russes exilés, puis se tournera vers une jeune génération de réalisateurs français comme Jacques Feyder et René Clair. les-studios-mythiques-pathe-alLes ex-studios Méliés, puis Pathé, puis Albatros à Montreuil

Le film est bien sur assez déséquilibré suite aux manques importants et si l'intrigue se suit sans difficulté, grâce aux cartons rajoutés pendant la restauration, il ne pourrait s'agir que d'un film d'exploitation sur base historique parmi tant d'autres, s'il ne se démarquait par une démesure qui en fait une des dernières superproductions européennes (acteurs et techniciens allemands, autrichiens, russes, français, italiens) du cinéma muet français. Les studios Albatros disparaitront peu aprés l'arrivée du film parlant.

CAG1

L'ouverture grandiose nous plonge dans une ambiance fantastique avec Cagliostro projetant son ombre demesurée pendant la présentation de ses tours, puis l'intrigue renoue avec le film historique nuancé de romance et d'aventure, mais l'ensemble est transcendé par les décors somptueux de Lazare Meerson (Sous les toits de Paris de René Clair, La Kermesse héroïque de Jacques Feyder, Alexandre Trauner sera son disciple), assisté d'Eugène Lourié (Le Monstre des temps perdu, Gorgo) et les prouesses techniques du chef opérateur Joseph Krüger (Napoléon d'Abel Gance, L'argent de Marcel L'herbier) qui utilise des objectifs déformants, incruste des maquettes dans le film pour offrir un résultat splendide qui mêle parfaitement rigueur géométrique et inventivités des plans, décors baroques, mouvement de caméra audacieux, expérimentation sur l'éclairage et la pellicule pour offrir un des derniers chef-d'oeuvre du cinéma muet français.

Au vu des superbes scènes sauvegardées et d'après les mémoires de Marcel Carné, il est frustrant d'apprendre que la séquence de la fête de village, lors du retour de Cagliostro en Italie, considérée comme le clou artistique et technique du film, fasse partie des scènes définitivement perdues.

Hans Stüwe - Cagliostro (1929) dungeon

A noter la liberté de ton du film qui présente la très jeune Illa Meery/Mme de la Motte, née Mara Tchernichef-Besobrasoff (1915-2010), actrice d'origine russe et agent double pour le compte de l'URSS dans les années 30 et 40, toute de sensualité et généreusement dénudée (hmm ... la scène du collier) et la présence comme assistants des débutants Marcel Carné et Jean Dréville.

CAG3

Oswald continuera de tourner en France jusqu'en 1938; avant de s'exiler en Amérique, où il ne tournera plus que trois films mineurs; avant de s'éteindre à Düsseldorf en 1963.

Pour en savoir plus sur le film, les souvenirs de tournage de Marcel Carné publiées dans Cinémagazine en 1929.

Pour ceux qui voudraient connaitre un peu mieux la production des studios Albatros, l'éditeur Flicker Alley vient de sortir un coffret French Materworks, russians immigrés in Paris comprenant cinq films de L'Herbier, Mosjoukine, Volkoff, Feyder réalisés entre 1923 et 1929 : Feu Mathias Pascal, Le Brasier Ardent, Kean ou Désordre et Génie, Gribiche, Les Nouveaux Messieurs. La critique détaillée est disponible sur le site dvdclassik.com.

Publicité
Commentaires
M
une critique de Cagliostro un peu plus réservée sur le très bon site consacré au cinéma muet annhardingstreasures.blogspot.fr (dispo dans les liens), mais qui à le mérite de renvoyer vers d'autres muets à découvrir. Ca ne finira jamais...
M
Merci pour les petites corrections et le lien internet.
M
Que voici un très bel article pour un film très intrigant ... Je le note de suite sur mes tablettes !
Publicité