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CINE CLUB ... L'ÎLE VERTE
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24 janvier 2014

La Comtesse (The Countess) film franco-allemand de Julie Delpy (2010)

Dans l'austère Hongrie du XVIe siècle, la comtesse Elizabeth Bathory, jeune, veuve et riche, va vite apprendre à gérer au mieux ses domaines et devenir la femme la plus puissante du royaume. Ce statut si particulier à l'époque va déclencher la crainte, l'admiration ou la jalousie. Elizabeth tombera éperdument amoureuse d'un jeune noble, Istvan Thurzo - Daniel Brühl (Good Bye Lenin! Rush...), la relation s'achevant brutalement sous la pression du pére d'Istvan, joué par William Hurt, va laisser la comtesse abattue et frustrée, proche de la folie, persuadée que son âge est la cause du départ de son jeune amant. La blessure d'une de ses caméristes va la persuader que la réponse à sa peur de vieillir est dans le sang des jeunes vierges, déclenchant avec l'aide de sa confidente un peu sorciére, une longue suite de disparitions et de crimes dans toute la région ...

la_comtesse

J'avais raté le film à sa sortie mais mémorisé l'affiche, séance de rattrapage via le DVD pour cette figure dont la réalité historique disparaît peu à peu  dans les récits populaires dès le XVIIIe siècle, sa redécouverte par le austro-hongrois Sacher-Masoch au XIXe siècle, la fait basculer de l'incarnation de la vanité de la jeunesse éternelle vers un personnage plus ambigu dont s'emparera le cinéma pour des résultats moyens, mixant vampirisme et érotisme soft, avec Comtesse Dracula, Peter Sasdy (1971), un Hammer tardif avec la sexy Ingrid Pitt (Falstaff, Wicker Man ...) ou le troisième des Contes Immoraux, W Borowczyk (1974) avec Paloma Picasso dans son unique rôle au cinéma ; la bande dessinée avec La Comtesse rouge, Erzsebet Bathory, Georges Pichard (1985) ; le rock métal ; les jeux vidéo ... faisant d'elle à tout jamais, la Comtesse sanglante, un pendant féminin de Dracula ou de Gilles de Rays, le vampire de Bretagne, qui inspirera Barbe Bleu et l'Ogre des contes de Perrault. La vie de la comtesse et du maréchal de France faisant toujours l'objet de recherches chez les historiens médiévistes.

Comtesse_des_Grauens_Poster

En privilégiant une vision historique qui n'occulte rien de ses crimes, le film a l'intérêt de présenter la comtesse Bathory comme une figure romantique, mais surtout comme une figure de femme intelligente, cultivée, puissante et indépendante, il devient difficile de ne pas éprouver de la sympathie pour cette comtesse jalousée par les nobles qui se partageront ses domaines après sa condamnation a être emmurée vivante dans son château et sa mort quatre ans plus tard en 1614.

Élisabeth_Báthory

Julie Delpy, qui signe ici sa deuxième réalisation après la comédie Two Days in Paris (2007), et là encore la musique et le rôle principal, livre un récit et une mise en scène d'une belle rigueur servie par une superbe photo "peinture classique" du néerlandais Martin Ruhe (chef opérateur des films d'Anton Corbijn). Une grande partie de l'intérêt du film se trouve dans la description de la lente folie d'une femme terrifiée par sa déchéance physique. Dès l'ouverture du film et l'évocation de la jeunesse de la comtesse, les références à la putréfaction et à la mort sont nombreuses (avez-vous essayé, à six ans, de planter en terre un poussin vivant pour voir s'il en pousserait une graine ?), mais sans jamais sombrer dans le gore ou le convenu. Il en ira de même de l'incontournable scène du bain de sang, mélange de réalisme classique et d'esthétique de l'horreur. Julie Delpy offre une performance impressionnante dans un rôle difficile et l'image de son visage glacial envahit peu à peu par les stigmates du temps qui passe hantera longtemps vos nuits.

Le Prez

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Commentaires
M
Non je l'ai vu grâce à des moyens pas légaux après avoir guetté en vain sa sortie ...
M
Tu habitais Paris quand tu as vu le film ? Tu connais son 1er film Two days in Paris ? Le film m'a beaucoup plu, on est à des lieux des biopic en panne d'inspiration, le prochain article devrait être sur The Last Run, un projet de Huston repris par Richard Fleischer, un polar crépusculaire avec George C.Scott.
M
J'avais vu le film peu après sa sortie (a-t-il même eu droit a une projection en province ... ?) et j'avais aussi été impressionné par le soin de la mise en scène, l'interprétation habitée de Delpy et surtout l'originalité de son sujet et la prise de risque qu'il implique (difficile de drainer autant les foules avec un sujet pareil que pour un film de D. Boon). J'ignorais que le personnage avait eu une telle postérité artistique (mais fascinant comme il l'est, est-ce étonnant ?).
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