Whisky à gogo ! (Whisky Galore !), film britannique d' Alexander Mackendrick (1949)

Réalisation : Alexander Mackendrick

Distribution : Basil Radford (Le capitaine Paul Waggett), Catherine Lacey (Mm Waggett), Bruce Seton (Le Sgt Odd), Joan Greenwood (Peggy Macroon), Wyllie Watson (Joseph Macroon)

Synopsis : Pendant la seconde Guerre Mondiale sur la petite île écossaise de Todday (un toddy étant un grog au whisky), la population doit affronter une péril bien plus grave qu'un improbable débarquement allemand; une pénurie de whisky.

Première des trois comédies réalisées pour les studios Ealing par Mackendrick (Whisky galore !, The Man in the White suit, The Ladykillers), ces trois films sont devenus des classiques de la comédie nonsensique d'après-guerre qui connaîtra ses heures de gloire de la fin des années 40 aux années 50 et révèlera des acteurs comme Alec Guinness ou Peter Selers. Alexander Mackendrick continuera sa brève carrière entre USA et GB avec par exemple en 1957 l'excellent Le grand Chantage (Sweet smell of succes), chronique cruelle du monde du spectacle et des éditorialistes avec Tony Curtis et un Burt Lancaster glaçant.

Le film, confié à Mackendrick à cause de ses origines écossaises et réalisé sur la petite île de Barra, avec la contribution de nombreux habitants dans leur propre rôle, est remarquable par l'agrèable loufoquerie et l'esprit anti-anglais réjouissant qui y règne. L'île est administrée par le capitaine de réserve anglais Waggett aussi incompétent que rigide sur le règlement, les habitants y sont taciturnes et la vie rythmée par le bateau qui apporte le courrier et le whisky. Hélas un jour le navire n'apporte plus de whisky (fichue guerre). La pénurie de whisky (la majorité du précieux breuvage était réservée à l'export pour financer l'effort de guerre) engendre un étrange climat, les vieillards se laissent dépérir, les mariages ne peuvent être célébrés selon la tradition, jusqu'à ce qu'un cargo s'échoue. La population n'aura plus qu'une idée, récupérer les précieuses bouteilles au nez et à la barbe du pompeux  capitaine Waggett dans un hilarant jeu du chat et de la souris.

Le scénario (inspiré d'une histoire vraie) regorge de trouvailles, les situations sont cocasses, les personnages hauts en couleur (la mère possessive et son fils : "Mais maman, tous les gars de mon âge se battent en Afrique du nord" - "Il est hors de question que tu ailles te battre chez les cannibales") et la "couleur locale" très bien maîtrisée, tout ceci ayant pris une délicieuse patine au fil des ans. La fin du film surprend, en reprenant les codes visuels du film de guerre pour mieux les détourner, avec l'arrivée d'une troupe de douanier qui va fouiller l'île à la recherche des bouteilles (arrivée de nuit des hommes en imper noir, fouille des maisons, poursuite sur les dunes). 

A noter l'excellente prestation de Basil Radford (Une femme disparaît, la Taverne de la Jamaïque) en capitaine anglais ahuri qui ne comprendra jamais rien aux agissements des habitants, de Wyllie Watson qui fut le Mr Memory des 39 marches d'Alfred Hitchcock et de la très jolie Joan Greenwood        (Noblesse oblige, Les Contrebandiers de Moonfleet).

A consommer sans modération.

Disponible à la médiathèque Fellini.