Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CINE CLUB ... L'ÎLE VERTE
CINE CLUB ... L'ÎLE VERTE
Archives
2 octobre 2013

Mafioso, film italien d'Alberto Lattuada 1962

Même si la profusion d'éditeurs et de rééditions DVD nous a permis de (re)découvrir et de (ré)évaluer la carrière de nombreux réalisateurs, elle permet encore régulièrement de faire de belles découvertes, puisque je dois reconnaitre que le nom d'Alberto Lattuada me parlait juste assez pour réussir à évoquer sa participation au film à sketch, L'Amour à la ville (1953).

  881866884_ML

Pour me dédouaner un peu, sa filmographie est assez déroutante et a dû contribuer à retarder son classement dans une catégorie précise qui aurait  facilité sa reconnaissance mais elle est sans doute représentative de la carriére de nombreux réalisateurs italiens. Une oeuvre qui s'étend de 1943 à 1988, alternant les drames néoréalistes (Le Bandit,1946), les comédies satiriques et les adaptations littéraires à grand spectacles (avec un goût certain pour la littérature russe) ou les mélos flamboyants : Le Manteau / Il Cappotto (1952) - Gogol, La Tempête / La Tempesta (1958) - Pouchkine, La Steppe / La steppa (1962) - Tchekhov, La Mandragore / La Mandragola (1965) - Machiavel. Un ensemble déja éclectique auquel vient s'ajouter à partir de 1957 de films "de jeune fille libre"! Un nouveau genre qui scandalisa l'Italie conservatrice avec des titres pourtant charmants : Les Adolescentes (1960), Don Giovanni in Sicilia (1967), La Fille (1974), La Bambina (1978) et même un pamphlet antiguerre : Fraulein Doktor (1969).

« Je crois que la constante que l'on retrouve dans tous mes films, c'est l'état de solitude de l'individu en face de la société, solitude inséparable d'une aspiration de l'individu à rejoindre au sein de la société ceux qui espèrent et luttent avec lui. Attitude de rébellion, engendrée par la solitude, dressée contre elle, et ne débouchant, dans la plupart des cas, que sur la confirmation de cette solitude. » (Alberto Lattuada Bianco e Nero, juin 1961).

Antonio (Alberto Sordi) est un petit chef obséquieux et sans panache dans une grande usine de Milan. Après des années d'absence, il est sur le point de retourner en vacances dans son village natal de Sicile avec sa femme et ses deux filles, chargé aussi par son PDG américain de remettre un colis à Don Vincenzo le notable du village. L'arrivée dans une Sicile archaïque est comme toujours dans la comédie italienne prétexte à une représentation sociologique traversée par des touches grotesques et hilarantes (les trognes de la famille, la femme d'Antonio, Milanaise blonde et moderne, totalement larguée au pays des femmes en noir, la soeur à moustache et son fiancé chomeur...) mais les vacances dans ce village où la modernité n'a pas prise et où plane l'ombre de la mafia, vont prendre une tournure beaucoup plus dramatique quand Antonio va comprendre que même sa petite vie a un prix qu'il va falloir payer.

SCF7351

Produit par Dino de Laurentis, le scénario est le résultat de la collaboration du célèbre duo de la comédie, Ange et Scarpelli et de Rafael Azcona et Marco Ferreri. Impecablement filmé et monté par les excellents techniciens de l'époque, porté par la musique de Piero Piccioni et Nino Rota, mais surtout transcendé de bout en bout par ce clown splendide d'Alberto Sordi (tout en moustache stylée) qui livre une incroyable interprétation d'un italien moyen représentatif du miracle économique, mais aussi des clivages nord-sud, des frustations et du déracinement.

29381_3

Dans l'univers de la comédie italienne qui privilégie le principe du retour à la réalité avec des fins douces-amères, Mafioso serait une tragi-comédie d'une noirceur presque inégalée. Un film (apprécié par Martin Scorcese) qui fait le choix d'un récit implacable pour transformer la comédie en une mécanique terrifiante rythmée par le rire et la peur, la fatalité et le pessimisme, un film vraiment à part. 

2-18-8ce95

Disponible en dvd chez l'éditeur Tamasa (tamasadiffusion.com) qui mérite que l'on jette un oeil sur son catalogue de classiques anglais et italiens dont la médiathèque Fellini propose une large sélection : Europe 51 de Roberto Rossellini, La Classe ouvrière va au Paradis d'Elio Petri, Brighton Rock des frères Goulding, The Fallen Idol, le premier film de Carol Reed, le coffret John Sclhlesinger...

Le Prez

Publicité
Commentaires
M
Désolé, ça m'était un peu sorti de le tête mais on peut toujours s'y atteler pour la 101 chronique, mais sur quoi; Napoléon, Nostalghia, Yoyo (le dernier Pierre Etaix qui me reste à voir) ?
M
Encore un très bon article. Dommage qu'on ne se soit pas mis d'accord sur un film qu'on a vu tous les deux pour écrire ce 100ème article à deux mains comme on en avait parlé ...
Publicité