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CINE CLUB ... L'ÎLE VERTE
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30 juin 2013

"Man Of Steel", film américain de Zack Snyder (2013)

Annoncé depuis près de deux ans - le tournage a débuté le 1er août 2011 et sa promotion trois jours plus tard avec la diffusion sur la Toile des premières photos de Henry Cavill en costume de Superman - Man Of Steel est desservi d'entrée de jeu par cette médiatisation massive dont sont l'objet nombre de blockbusters. A nous bassiner pendant des mois sur le projet à coup de teasers, trailers et autres spoilers en tous genres, on s'attend tout de même à voir quelque chose, sinon d'incroyable, au moins de différent. Mais lorsque la chose sort enfin sur les écrans, on est bien obligé de constater qu'il ne s'agit que d'un film qui, à force d'avoir engendré autour de lui une montagne de déclarations fracassantes, finit par prendre des allures de petite souris.

man-of-steel-poster-movie-film-superman

L' histoire : autrefois glorieuse puissance intergalactique, Krypton a fini par se replier sur elle-même. Abandonnant à leurs sorts ses colonies spatiales, se livrant à des naissances par manipulations génétiques, ayant épuisé la totalité de ses ressources naturelles et énergétiques, la planète est désormais un monde au bord de la destruction. Dans ce contexte apocalyptique, le savant Jor-El (Russel Crowe) et sa femme Lara viennent de donner naissance, pour la première fois depuis des siècles, à un enfant conçu de façon naturelle, Kal-El. Sachant leur monde condamné, ils ont décidé de l'envoyer sur Terre, après avoir intégré à chacune de ses cellules le Codex génétique de Krypton, seul capable de faire revivre un jour ses habitants. Dans un même temps, le général Zod (Michael Shannon), chef des armées, tente un coup d'état pour renverser le Conseil qu'il juge responsable de la situation dramatique de la planète et s'emparer du Codex, mais il ne parvient pas à empêcher le départ de Kal-El. Sa rebellion échoue. Zod et ses sbires sont envoyés en exil dans la Zone Fantôme, néanmoins le général jure de retrouver Kal-El, où qu'il soit, et de lui reprendre le Codex ... 

Attendre 33 ans pour nous pondre un remake du Superman 2 de Richard Lester, je ne sais pas si on peut vraiment parler d'originalité ... Dans la mesure où celui-ci ne constituait en réalité qu'un remontage, avec plans additionnels, de la version tournée par Richard Donner, dans la continuité de son Superman de 1978 (ce qui explique le jugement de Zod et son exil dans le prologue du premier opus et son arrivée sur Terre dans le second), on se dit que finalement l'ombre de Donner plane toujours au-dessus des réalisateurs qui veulent s'attaquer à une adaptation cinématographique de l'Homme de Fer. Au moins Bryan Singer n'avait pas essayé de noyer le poisson en présentant Superman Returns (2006) comme une véritable suite /hommage au film de Donner.    

Du coup, rien de neuf sous le soleil ? Des tentatives. L'idée intéressante de retracer la jeunesse de Kal-El / Clark Kent en flashbacks, le film passe ainsi directement de l'entrée de son vaisseau dans l'atmosphère terrestre à une scène où on le voit adulte, travailler sur le pont d'un bateau de pêche. Celle de le présenter comme un paria, faisant profil bas avec ses pouvoirs (il envoie tout de même valdinguer sur des pilones électriques le semi-remorque d'un routier un tantinet grossier avec une collègue serveuse ...) et attendant de savoir quand et comment les révéler à l'humanité. Celle d'avoir choisi Kevin Costner, le cowboy déchu d'Hollywood, pour interpréter son père adoptif (il prend la relève de Glenn Ford, le Johnathan Kent du premier Superman). Celle de développer le background de Krypton dans un prologue au look sympathique de space fantasy fortement inspiré par les dessins de John Byrne, ou à travers le rôle joué par la technologie kryptonienne dans le film (exit les cristaux mutli-fonctions). Celle encore de revenir à la thématique du Messie extra-terrestre : "Tu es la preuve que nous ne sommes pas seuls dans l'univers. Tu es notre Sauveur ...".

Problème : tout cela n'est qu'à peine effleuré ou carrément tué dans l'oeuf. Les flashbacks arrivent trop tôt dans le film, durent trop longtemps, délivrant immédiatement toutes leurs informations et rendant le procédé caduque. Les errances de Clark-El sont présentées en parallèle avec des événements ayant des implications à l'échelle planétaire (découverte par l'armée d'un vaisseau pris dans les glaces de l'Arctique, arrivée du général Zod ...), dès lors le montage ramène tous les enjeux narratifs sur le même plan et abolit l'aspect intimiste-réaliste recherché. Johnathan Kent n'a qu'un seul truc à transmettre à son fils adoptif : "Tu as de grands pouvoirs, fils, mais il faut pas les utiliser maintenant !" Ah bon ?! Même si ça implique de laisser mourir mes camarades de classe dans un accident de bus ? Même si ça implique de me faire défoncer la gueule et humilier par tout le monde sans broncher ?? Et même si je dois te regarder mourir, emporté par une tornade, parce que tu es connement retourné chercher le chien enfermé dans la voiture ??? Pathétique. Il faudrait également ajouter la contre-performance impressionnante de Michael Shannon, dont on pouvait attendre mieux qu'une interprétation mono-expressive de Zod, genre : "je suis le méchant, parce que j'ai été créé génétiquement comme ça et il est hors de question que j'y apporte une once de subtilité".

Zod Armor

Non, ce n'est pas un Space Jockey ...

Mais tous ces défauts sont finalement devenus monnaie courante dans les blockbusters et sont facilement pardonnés, si le film nous propose en contrepartie quelques jolis morceaux de bravoure. Sauf que nous sommes en présence d'un film produit et écrit par Christopher Nolan, un réalisateur qui n'a jamais compris qu'un super-héros devait, de temps en temps, accomplir des actes extraordinaires. Avoir de la gueule ! Etre bigger than life !!! Rien de tout ça ici, alors que le film est réalisé par Snyder dont l'une des principales qualités (au point souvent d'en faire un défaut) réside dans sa capacité à créer des plans ultra-iconiques. Le maître d'oeuvre de L'Armée des morts s'étant fait vraisemblablement "nolanisé", Superman se regarde comme un ... Batman de Nolan. Ce n'est pas désagréable, on ne s'ennuie pas, mais on n'en garde rien. Au lieu d'être un film nouveau sur les super-héros, Man Of Steel est simplement un nouveau film de plus. A quand le film de trop ?          

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Commentaires
M
Le film est sorti en dvd, j'ai pu le voir loin du battage médiatique et sans attente particulière, un bon film d'action sans plus, trop de tout, trop d'éléments, trop de personnages pas assez fouillés. Venant d'un héros aussi manichéen que Superman difficile d'attendre un film subtil. Peut être la suite avec Batman apportera un peu de noirceur ?
M
Je n'en attendais pas grand chose et j'étais même pas parti pour le voir, mais la salle pour Star Trek était pleine ... Après, ça se regarde. C'est pas un bouzin non plus. Concernant le "slip", ce n'est pas gênant. Le costume, Superman le trouve dans un vaisseau d'exploration kryptonien qui s'est écrasé sur Terre des milliers d'années plus tôt. Il le porte un peu comme une relique. Why not !
M
merci pour ce long article où l'on sent bien ta déception, j'attends la sortie en location pour risquer deux euros au vidéo club et pondre un avis.<br /> <br /> <br /> <br /> ps : pas un mot sur la perte du slip ?
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