Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CINE CLUB ... L'ÎLE VERTE
CINE CLUB ... L'ÎLE VERTE
Archives
21 août 2013

Cinéma Panibère, suggestion de films de l'aire luso-hispanique, épisode 1

Cinéma Espagnol, des origines à 1975

Pour commencer, voilà des repères historiques assez exhaustifs sur le cinéma espagnol. Je passerai assez vite sur Buñuel et Almodóvar pour me focaliser sur des oeuvres moins connues à l’international. Le concept ici c’est de voir des images, de se donner des envies de film, d'éveiller la curiosité (j'espère que les liens sur youtube passent bien).

1- Le muet

http://youtu.be/aZFdaqQky2o

Il faut connaître les films de Segundo de Chomón, le Méliès espagnol. Pionnier du cinéma espagnol, il fit dès les premières heures du XXème siècle une tournée des pays hispanophones avec les bobines de Méliès sous le bras pour en faire la promotion. Il rentra en Europe et fit carrière en France comme chef opérateur. Ses films explorent les potentialités des images en mouvement et s’inspirent de l’illusionnisme. Des éléments visuels assez saisissants.

Les premiers films de l’industrie cinématographique espagnole se caractérisent par une facture très folklorique mais installent déjà les thématiques qui traverseront tout le cinéma populaire postérieur : Histoire nationale, mythes littéraires, monde paysan, vie des Saints espagnols, tauromachie, danse. Néanmoins certains réalisateurs font preuve d’une esthétique assez remarquable comme Florián Rey avec Le village maudit (La aldea maldita), 1930.  

http://youtu.be/jfGBDFfOlTM

En 1930, une Avant-Garde très opposée au cinéma de divertissement existe déjà avec Buñuel et Dali bien sûr, mais également avec Nemesio M. Sobrevila, auteur du Sixième sens -1929 (Sexto sentido), ovni poétique sur les affres de la création artistique (film complet posté ici) :

 http://www.youtube.com/watch?v=u10l8hl38eA&feature=share&list=PLUIQ24WDdPiIAE-GKZrbW-0Gp1qQ4qlD1

 2- L’avènement du parlant

Proches de l’avant-garde et de Buñuel, José Val del Omar et Edgar Neville font leurs premières armes et referont parler d’eux plus tard. Les commerciaux comme Florián Rey règnent alors en maître avec des comédies musicales à succès.

L’enjeux des films grand public de l’époque est surtout de mettre en scène les stars de la chanson comme Carlos Gardel et de toucher un marché panhispanique, les films de langue espagnole traversant l’Atlantique dans un sens comme dans l’autre.

Exemple de ce phénomène, la chanteuse Imperio Argentina, épouse de Florian Rey, gravée dans les inconscients des deux côtés de l’Atlantique. L’importance de ce cinéma populaire vaut aussi parce que des cinéastes comme Carlos Saura ou Almodóvar joueront avec ses codes trente ou quarante ans plus tard. Extrait de Carmen de la Triana de Florian Rey, tourné en Allemagne en 1938 en plein rapprochement entre Franco et Hitler, on a même dit qu'Imperio était la maîtresse de Goebbels :

http://youtu.be/9JbO3nhfLOk

On trouve encore des images intéressantes dans les films de Benito Perojo considéré comme l’autre père du cinéma populaire espagnol. Extrait de Le noir qui avait l’âme blanche -1934 (El blanco que tenía el alma blanca) :

http://youtu.be/cJb4lD54T0s 

3- En temps de guerre

Entre 36 et 39, si on produit pas mal des films musicaux populaires, l’Histoire a surtout retenu ceux d’auteurs étrangers comme André Malraux et Joris Ivens, films tout à la gloire du camp républicain. De belles images dans The Spanish Earth de J. Ivens, voix off d’Ernest Hemingway.

 http://youtu.be/yIZOQyP8usA

 4- Le cinéma de la Post-Guerre ou période BBB

Dans le cinéma espagnol, la période de l’Après-Guerre (civile) démarre en 39 et s’achève en 1962, moment d'une légère ouverture concédée par les autorités en matière de création. Jusqu'à cette date la censure se montre impitoyable et inféodée au Vatican. Tout blasphème, toute évocation politique et sociale est prohibée.

Pour les réalisateurs les plus rebelles de la Post-Guerre, l'enjeu est d'évoquer la "réalité" du pays sans se faire prendre. 

Le plus célèbre d'entre eux est sans doute Luis García Berlanga qui s’empare des formes du Néo-Réalisme (tournage hors-studio) pour produire des comédies satiriques assez exceptionnelles. Parmi elles: Bienvenue Mister Marshall -1952 et Le bourreau -1963. Il finira par se faire ficher et ne réapparaîtra qu'à la démocratie avec d'insolentes comédies comme La carabine nationale -1978 (La escopeta nacional).

A voir absolument Le bourreau (El Verdugo) qui raconte de façon burlesque l’histoire d’un chômeur qui assume à grande peine le seul travail qui se propose à lui, celui d’exécuteur de hautes-oeuvres. L’extrait n’est pas sous-titré et bavard mais il donne le ton :

http://youtu.be/K5hi0MqtiKM

Autre grand nom de l’époque, Juan Antonio Bardem, ouvertement communiste, exilé de l’intérieur. Auteur, entre autres, de Ce couple heureux -1951 (Esa pareja feliz), Mort d’un cycliste -1955 (Muerte de un ciclista), Grand rue -1956 (Calle mayor). Un peu à la manière d'un Buñuel, il s’est attaché à disséquer les moeurs de la bourgeoisie franquiste. Dans les années 60, harcelé par la censure et suite à nombreux projets arrêtés en plein vol il se résignera à faire des films purement alimentaires jusqu'à l'avènement de la démocratie.

 Grand rue est passionnant, Mort d’un cycliste est à voir absolument.

http://youtu.be/tKkSrt84c0Q 

De la Post-Guerre l’Histoire retient surtout la triade BBB: Buñuel-Berlanga-Bardem (ou Bardin, car d'origine française). Mais il faut compter avec un autre héros, Fernando Fernán Gómez, acteur archi populaire qui, en pleine gloire, passe derrière la caméra pour tenter d'évoquer, lui aussi, la cruelle réalité du moment. A voir absolument L'étrange voyage -1964 (El extraño viaje), l'histoire authentique d'un crime commis dans un village misérable du sud de l'Espagne. Ambiance proche du cinéma d'épouvante et première apparition à l'écran de Jess Franco, futur roi du gore underground encore appelé Jesus Franco dans ces années-là (extrait sous-titré en anglais).

http://youtu.be/McBs0QkldIQ

Le néo-réalisme espagnol s’illustre encore avec les trois premiers films de Marco Ferreri, alors résident en Espagne, dont L’appartement -1959 (El pisito) qui racontent les déboires rocambolesques d’un jeune homme obligé de se marier avec une vieillarde afin d’hériter de son appartement et de pouvoir enfin se loger dans le Madrid dévasté de l’Après-Guerre. 

Parmi les surréalistes restés en Espagne il y a encore le plasticien José Val del Omar qui a donné quelques poèmes cinématographiques cultes comme Feu sur la Castille -1951 (Fuego en Castilla):

 http://youtu.be/6B95zsSXFEE

 Dans ce qu'il est convenu d'appeler Cinéma Franquiste, il faut connaître Edgar Neville qui a été proche des Avant-Gardes dans les années 30 puis qui a choisi d'adhérer au National Catholicisme. Ses polars et ses comédies légères ne sont pas exemptes de subtilité et se détachent dans la médiocrité ambiantes. Ses qualités techniques valent qu'on s'intéresse à lui.

Nada -1947, mérite sans doute une attention particulière. Adaptation du roman éponyme de Carmen Laforet, qui est à ma connaissance  emblématique d’une génération d’Après-Guerre empreinte de pessimisme, d’existentialisme, du sentiment de l’Absurde.

L’extrait n’est pas sous-titré, alors je situe : Andrea, exilée à l’étranger pendant la guerre, revient à Barcelone pour y faire ses études. Elle y retrouve une famille appauvrie, terrorisée et dominées par les préjugés.

 http://youtu.be/QWL9o1QLERQ

Dans le genre Néo-Réalisme espagnol, Les déracinés -1951 (Surcos) est considéré comme un must. Censuré et interdit de salle, son réalisateur José Antonio Nieves Conde, un libéral rallié au franquisme, commence à déchanter. Facture visuelle impeccable même si la morale catholique est sauve.

http://youtu.be/_GpISkk3BUA

 Dans le genre héroïque et patriote il y a Carlos Serrano de Osma, considéré comme l'un des réalisateurs les plus originaux du cinéma franquiste. Extrait de son Parsifal- 1951 ou l'entrée des Barbares en Péninsule Ibérique:

http://youtu.be/pP7fuB1XvA8

Dans le genre populaire et musical, la nouvelle muse nationale s’appelle Sara Montiel. Son plus grand succès est La dernière chansonnette -1957 (El último cuplé) de Juan de Orduña. Dans ces images il y a déjà du Almodóvar :

http://youtu.be/HSBdX04vHOQ

 5- Le Nuevo Cine Español

Dans un contexte de démarrage économique et d’essoufflement d’un régime politique réactionnaire, un nouveau ministre de la culture souhaite laisser un peu de marge aux cinéastes. Le politique et le social sont toujours bannis, mais beaucoup moins le sexe et la violence. C'est la grande époque des Western Spaghetti tournés en Espagne sous son impulsion et auxquels quelques espagnols comme Rafael Moreno Merchent s'essaieront sans  grand succès. C'est aussi le moment où Jess Franco se lance dans le cinéma d'épouvante.

Issue de l’Ecole Officielle de Cinéma qui pour vocation de formater de nouveaux propagandistes, une nouvelle génération voit le jour. En réalité profs et étudiants sont tous gagnés au radicalisme de gauche et profiteront de l'ouverture pour aborder plus frontalement les problèmes de société. Je trouve les films de ce groupe-là globalement tristes et austères, parfois trop didactiques, sans doute à l'image de la société qu'ils veulent dénoncer. Je ne sauverai donc que Carlos Saura et Mannuel Summers. Je nomme juste les autres pour le côté encyclopédique: Victor Erice, J.L. Borau, Javier Aguirre, Antonio Dove, Gustavo Suarez, B.M. Patino, Francisco Regueiro

Manuel Summers s'intéresse à la vie affective des non-adultes, enfants et vieillards. A voir sans doute un documentaire Juguetes rotos -1964 (Jouets brisés):

http://youtu.be/5ypyIvqBfe8

Et une fiction, Du rose au jaune -1963 (Del rosa al amarillo) où apparait la jolie Cristina Galbo qu'on verra plutard très dénudée dans les films de Jess Franco. 

http://youtu.be/1CcrKFrr-9o

Mario Camus fait partie de cette génération de gauchistes frustrés durant la Post-Guerre qui commence à s'exprimer vraiment en cette période d'ouverture puis, surtout, avec la démocratie. A voir, peut-être, Con el viento solano- 1966 qui révéla le fabuleux Antiono Gades (le chorégraphe charismatique de la Carmen de Saura):

http://youtu.be/L5O1ViwYdzI

Le plus emblématique de cette période là est bien sûr Carlos Saura, bien que légérement vétéran par rapport à ceux de l'Ecole Offcielle, lui aussi à ranger plutôt des héros de la Post-Guerre. Sorte de Buñuel de l’intérieur, il produit dans les années 70 une série de classiques qui méritent d’être tous vus. De cette période se dégage une unité thématique et de production avec notamment ses acteurs fétiches, Géraldine Chaplin et José Luís López Vázquez, qui incarnent l’esprit du temps entre désir d’ouverture au monde et empêtrement dans les valeurs archaïques nationales. 

Il y a bien sûr Cría Cuervos, mais il faut aussi voir :     

 - Peppermint frappé -1967 ou l’histoire d’un médecin introverti dévoré de jalousie envers son meilleur ami, un industriel cynique et prospère, marié à une exotique anglo-saxonne :

http://youtu.be/MKokeNkuyP8

Le jardin des délices -1970 (El jardín de las delicias), un riche industriel perd la mémoire suite à un accident de voiture, ses proches tentent de mettre en scène ses souvenirs afin de l’aider à guérir et surtout récupérer son numéro de compte bancaire en Suisse.

http://www.youtube.com/watch?v=p6k5bMBX178

Stress es tres, tres -1968 road movie à trois, ménage à trois implicite et tragique dans une Espagne qui affiche sa modernité pour mieux cacher sa barabrie :

http://youtu.be/OdL7jOFLlSk       

A cette période démarre également le cinéma d'épouvante espagnol et l'ascension fulgurante Jess Franco. Auteur d'un nombre incalculable de films d'horreur et pornos à petit budget. Une préparation underground à la très rock’n’roll Movida. A voir, peut-être, ses Nuits de Dracula -1970 (El conde Dracula), tourné et co-produit en Allemagne avec Klaus Kinski et Christopher Lee :

http://youtu.be/fbZZaSquvL

Dans la même veine mais moins prolifique, Narciso Ibañez Serrador. Extrait de La residence -1969 (La residencia), trailer en Anglais:

http://youtu.be/q2nwY7r2ES8

 

Publicité
Commentaires
M
J'ai apporté des modifs au texte d'origine, je crois que j'ai pas compris comment inséré les liens youtube correctement!
M
Tu ne peux pas les coller, il faut que tu les copies sur ton ordinateur et qu'après tu les insères dans ton article (il y a une fonction "insérer image" en haut à gauche dans la barre des tâches), comme pour un document Word.
M
Merci pour vos commentaires. La suite dans quelques jours. Les photos que j'avais collé ont disparu, est-ce du à l'hébergeur?.
M
Je confirme, c'est impressionnant ... et très stimulant ! hâte de regagner mes pénates pour aller voir les liens. Chapeau bas !
M
belle première contribution, c'est un article fleuve sur le cinéma espagnol (partie 1) avec les liens u tube, du beau travail.<br /> <br /> Je connais un peu Segundo de Chomon comme un pionnier du cinéma d'animation, j'ai vu ses premiers d a sur u tube je crois et en lisant mon dico du ciné espagnol j'avais vu le Bourreau dont l'histoire m'avait intrigué sinon beaucoup de choses à découvrir, je vais t'envoyer quelques titres relevé dans le dico.
Publicité