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CINE CLUB ... L'ÎLE VERTE
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27 septembre 2013

L'attaque de Fort Douglas (Mohawk) film américain de Kurt Neuman (1956)

Un petit, mais alors un tout petit western de chez Artus Films.

Kurt Neuman est un réalisateur allemand qui arriva à Hollywood au début du parlant et fut vite rermarqué pour son professionnalisme et sa maitrise rigoureuse du budget (L'attaque de Fort Dougals a été bouclé en 3 jours !!) Il restera longtemps cantonné dans les petites productions vouées aux premières parties des doubles programmes. Il réalisera les trois derniers des douze Tarzan avec Johnny Weissmuller, une foule de films de science-fiction ou fantastique dont des petits classiques comme Vingt-quatre heures chez les Martiens (Rocket Ship X-M - 1950), Kronos (1957), son meilleur film restant La Mouche Noire (The Fly - 1958), des westerns aussi et pour ce qui nous concerne un eastern.


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L'Eastern est un sous-genre dont l'action se passe au XVIIIe siècle, souvent pendant la guerre franco-anglaise (1754-1759) qui vit la France perdre le Canada, brassant des éléments de l'histoire américaine et des récits inspirés de Fenimore Cooper. Le genre a engendré quelques beaux classiques, Sur la piste des Mohawks (Drums along the Mohawk - 1939) le premier film couleur de John Ford, Les Conquérants d'un Nouveau Monde (Unconquered - 1947) de Cecil B. DeMille, Le Grand Passage (Northwest Passage - 1950) de King Vidor, Le dernier des Mohicans (The last of the Mohicans - 1992) de Michael Mann.

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Le chef Kowanen (Fred de Corsia) dans toute sa splendeur  

Le moins que l'on puisse dire est que Fort Douglas n'a pas l'ampleur de ces productions (ni le budget). Le héros, Jonathan Adams (Scott Brady), est un jeune artiste envoyé pour peindre la nature (peut être inspiré du peintre George Catlin). Le film commence presque comme une comédie sentimentale, les cinq premières minutes nous prèsentent Johnathan et Greta (Allison Hayes) sa modéle rousse puis Cynthia (Lori Nelson) sa fiancée blonde de Boston qui vient d'arriver au fort et enfin la brune et sexy Onida (Rita Gam) la fille du chef. La suite va convoquer tous les ingrédients du genre : le traitre-John Butler (John Hoyt), le sage et pacifique chef Kowanen (Ted de Corsia) et sa coupe iroquoise délirante, le jeune et fougueux fils du chef-Keoga (TommyCook), le guerrier énervè-Tuscarora (Neville Brand). John Butler va pousser les Indiens à voler des fusils pour que les rapports s'enveniment entre les deux communautés jusqu'a l'attaque du fort et malgré les efforts de Jonathan pour calmer tout le monde. Après un petit massacre Jonathan épousera Onida.   

      
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La même scéne vue par George Catlin vers 1830

Tout ceci est très platement filmé en studio, sans idée mais dans une ambiance bon enfant et sans temps mort (difficile de trainer en 79 min). Kurt Neuman utilise au mieux ce qu'il a sous la main, en premier lieu les héroïnes du film, ce qui nous permet de voir Greta poser en jupon, Onida et ses copines indiennes pour la classique partie de baignade en minijupes (aprés une partie de freesbee !). Un vague effort de reconstitution de la vie des Iroquois (des grandes maisons communes et pas des tepees), des décors peints pour élargir à tout prix un plateau que l'on devine très petit, des indiens mal joués par des acteurs blancs aux coupes punky, des costumes aux couleurs éclatantes pour servir un technicolor saturé, au final un "produit" d'exploitation typique de l'age d'or du western classique.

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Le peintre et son modèle en pleine nature

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Un des climax du film

La première partie se laisse regarder, la fin est plus surprenante puisque la totalité des plans de l'attaque du fort provient du film de John Ford - Sur la piste des Mohawks. Pas des stock-shots mais des plans entiers, ainsi que tous les extérieurs du film, remontés avec quelques plans de coupes, le décor du studio étant la fidéle copie de celui du film de Ford et avec un montage correct le résultat peu passer après un gros moment de surprise. L'alternance des prises de nuit (le film de Ford) et de jour (le film de Neuman) reste un grand moment et nous rappellent que si nous ne sommes pas encore dans le nanar, nous sommes déja loin dans le bis.

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Au dela de ces portes, les grands espaces. Attention au mur du studio quand même.

Certainement pas un grand film mais plutôt une curiosité kitsch venue d'une époque révolue avec quand même en cherchant bien un message pacifiste et une romance interraciale, des thèmes peu courants dans ces petites productions. (Des thèmes que l'on abordait depuis quelques années dans des films comme la Flèche brisée-1950 ou La Riviére de nos amours - 1955)

 

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Rita Gam vous la préférez en princesse indienne avec option minijupe ou en demoiselle d'honneur ? (2eme rang-troisiéme à partir de la gauche)

 Le charme de ces films tient beaucoup à l'évocation des acteurs. Scott Brady, interpréte sympathique, habitué des westerns et des polars dont le plus grand rôle sera le Dancin' Kid de Johnny Guitar - 1954. Allison Hayes plus connue pour son rôle titre dans L'Attaque de la femme de 50 pieds de Nathan Jura. Rita Gam tournera peu pour le cinéma préférant Broadway et les séries télévisées, grande copine de Grace Kelly, un de ses titres de gloire fut d'être sa demoiselle d'honneur lors du mariage princier. John Hoyt que l'on a vu dans Les Démons de la liberté, Le Choc des mondes, Graine de Violence. Ted de Corsia, un des grands seconds rôles du cinéma américain depuis La Dame de Shanghaï à Vingt Mille Lieux sous les mers en passant par Règlements de comptes à OK Corall.

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Ted de Corsia en mauvaise posture dans Naked City - 1950

Tommy_Cook_Don Barry et Tommy Cook Adventures of Red Ryder - 1940

Le jeune Tommy Cook, un enfant acteur au cinéma et dans les feuilletons radio des années 40,  qui commença sa carrière à 10 ans dans le sérial Republic, Adventures of Red Ryder en décrochant le rôle du "sidekick", le fidèle orphelin Little Beaver. Il deviendra en grandissant abonné aux rôles de délinquant juvénile. Neville Brand un GI multi décoré, récupéré par Hollywood aprés-guerre comme Audie Murphy (mais avec un physique nettement plus bestial). Il a été Al Capone dans la série Les Incorruptibles et le tueur psychopathe dans les films noirs des années cinquante (D.O.A, Kansas City Confidential, Stalag 17, Le Crocodile de la Mort...).

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Neville Brand dans  D.0.A - 1950, son premier rôle

Un dernier mot avant de se quitter sur Artus Films (www.artusfilms.com), petit éditeur Montpelliérain dont le catalogue propose un peu de tout. Du western européen, de l'érotisme, du cinéma déviant (les productions Eurociné), des Bava, des Freda, des petits films d'horreur anglais post Hammer, du pseudo film culte (La Motocyclette de Jack Cardiff -1968 avec Alain Delon et Marianne Faithfull), mais aussi des raretés comme Le Baron de Münchhausen de Josef von Baky - 1943 (le premier film couleur allemand, projeté au cinéclub il y a un moment), un coffret Erich Von Stroheim avec The Great Gabo et trois autres films fantastiques des années quarante que je ne connais pas, un western de Gordon Douglas, Fort Invincible - 1951 (chroniqué sur DVDclassik), avec Gregory Peck et enfin Le Renne Blanc - 1952 de Erik Blomberg, le seul film fantastique finlandais que je connaisse, une belle histoire de chamanisme sur fond de légende lapone.

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Le Chevalier Blanc, aprés les Nibelungen une critique s'impose !

La médiathèque Fellini a plusieurs titres du catalogue Artus en stock; Le Chevalier Blanc de Giacomo Gentilomo - 1957 (chroniqué sur DVDclassik), une adaptation des Nibelungen par Cinecittà ! Le Boulanger de l'Empereur et sa suite L'empereur du Boulanger - 1953, deux bons films tchèques de Martin Fric reprenant l'histoire du Golem dans une vaste fresque historique et L'Evadée d'Arthur Ripley - 1946, un étrange film noir tout en ambiance avec Michèle Morgan, Steve Cochran et Peter Lorre.

Le DVD propose une copie moyenne, les bandes annonces des trois westerns classiques du catalogue Artus (le troisème étant Le fier rebelle de Michael Curtiz - 1958, avec Alan Ladd) et un chouette bonus de trois quarts d'heure présenté par Georges Ramaïolli qui vous apprendra tout sur les tribus indiennes et les anecdotes de tournage (et que je remercie pour les anecdotes empruntées)

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Commentaires
M
Ok. Oui il y avait quelques erreurs ...
M
Pour la couleur c'est moi, je suis revenu faire des modifs et j'avais l'article en blanc sur fond blanc dans la brouillon d'où le passage en bleu ? Il y avait des fautes d'accent ?
M
C'est la troisième fois que je modifie ton article pour mettre le texte en blanc et rectifier les accents. Les deux fois précédentes, pour une raison que je ne m'explique pas, tout est revenu comme au début ... Voyons si, maintenant, les modifications sont enregistrées !
M
Oui je connaissais un peu Kurt Neuman pour ses films de sf, fantastique et je me suis bien amusé à regarder son western. Étant amateur de sérial je suis assez indulgent avec ces petites productions, après en creusant un peu la filmo des acteurs je suis retombé sur des gens que je connaissais plus ou moins et plein d’anecdotes.
M
Dis-donc pour un petit film, il t'a bien mis en verve !
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