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CINE CLUB ... L'ÎLE VERTE
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7 novembre 2013

La pin-up de novembre : Clara Bow

La lecture d'Hollywood Babylone m’a remémoré ces belles actrices des années 20 aux noms oubliés : Barbara La Marr (qui inspirera son pseudo à Hedy Lamar, 10 ans plus tard), Pola Negri « le volcan polonais », la brune mexicaine Dolores Del Rio, la blonde Alice White et la rousse la plus canon d'Hollywood, Clara Bow. Réactivons donc la rubrique "pin-up" injustement oubliée en octobre et rendons hommage à la belle Bow (en essayant de vérifier la part de vérité dans le livre de Kenneth Anger).

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Les « roaring twenties » sont à mes yeux une des périodes les plus passionnantes qui soit, marquée par la croissance et l’insouciance en Amérique et en Europe et voyant l’émergence d’un modèle de culture américain appelé à marquer, sinon à envahir, durablement le monde, un modèle à base de jazz, d’alcool, d’avant-garde, de modernité, de jolies filles et d’une incroyable soif de vie à la sortie de la première Grande guerre. 1919 étant désigné comme « l’an premier du siècle » par l’écrivain John dos Pasos.

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Clara Bow illustre à merveille cette période et ses excès. Née le 29 juillet 1905 à New York dans le quartier populaire de Brooklyn, elle y passe une enfance proche de la misère où le cinéma sera chaque semaine pour elle, comme pour 50 millions d'américains, la seule échappatoire entre un père éternel absent et une mère épileptique et sujette à des accès de violence.

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Clara Bow - 1927

Dotée d’un superbe visage, elle remporte à l’âge de 16 ans le concours de beauté de Fame and Fortune. Lancée par B.P.Shulberg, créateur des studios Preferred Pictures, absorbé par les studios Paramount en 1925, il y sera nommé producteur associé, en grande partie parce qu'il avait Clara Bow sous contrat personnel. Elle accumule les petits films et les liaisons avec les acteurs et les réalisateurs, jusqu’à sa rencontre avec un tout jeune Victor Flemming (Autant en emporte le vent) qui lui offre son premier grand rôle dans Mantrap (1926). William A. Welman en fait sa vedette dans Wings (aout 1927), une des grandes superproductions du muet (premier film à recevoir l’Oscar du meilleur film). Incarnation de la jeune femme émancipée des années 20, son rôle emblématique restera celui de Betty Lou Spence dans It (Le coup de foudre - février 1927) de Clarence G.Badger et Joseph Von Strenberg, l’adaptation du roman de Elinor Glyn. Elle y gagnera son surnom de "It Girl", restant à jamais l’incarnation du sex appeal des années 20.

Elle est, avec la chanteuse Helen Kane, le modéle des studios Max Fleisher lors de la création de Betty Boop en 1930.

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It (Le coup de foudre) - 1927 (film longtemps considéré comme perdu, une copie fut retrouvée à Prague en 1960)

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Annex - Bow, Clara_14

Son mode de vie libre et ses nombreuses liaisons font d’elle la cible des rumeurs les plus folles (Shulberg, avide de publicité facile, sera le premier à en propager dès 1925), à tel point que la commission du Code Hays veut l’obliger, en 1930, à rentrer dans le rang en épousant son dernier fiancé, Rex Bell, pour donner enfin une image convenable de la grande vedette qu’elle est devenue. De 1927 à 1930 tous ses films sont en tête ou seconds du box-office, en 1929 elle est l'actrice la mieux payée d'Hollywood. Elle avait commencé sa carriére en jouant la collége girl dans des comédies romantiques populaires ou la petite employée en quête d'un beau mariage dans des mélodrames. Les studios lui refuseront toujours les rôles dramatiques qu'elle souhaitait et exploiteront cyniquement les scandales de sa vie privée en la cantonnant de plus en plus à des sujets typiques d'un cinéma pré-code-bas de gamme : nymphomanie dans Her Wedding Night (1930) ; sexe, alcool, flagellation et viol dans Call Her Savage (1933). Après un long procès avec son ancienne secrétaire, Daisy De Voe, qui la faisait chanter et menacait de communiquer à la presse sa correspondance privée, elle gagne mais en sort épuisée, nerveusement à bout et incapable de reprendre les tournages. La Paramount décide de ne pas renouveler son contrat. Tous les studios d'Amérique et d'Europe la réclament, elle resigne avec la Fox pour deux derniers films juste avant l'apparition du Code Hays et décide d'arrêter sa carrière à 28 ans.

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A la même époque un tabloïd (The Coast Reporter) profite de la médiatisation du procés et édite un petit livre de 60 pages lui imputant toutes les dépravations : homosexualité, drogue, inceste, zoophilie ... et lui propose d'en interrompre la publication pour 25 000 $. Là encore elle gagnera son procès, mais la légende urbaine était lancée, comme celle qui concernerait son usage personnel, en 1924 de toute l'équipe de foot américain de Californie du Sud (dont Marion Morrison qui deviendrait peu aprés John Wayne), rumeur tenace, démentie par son biographe mais reprise par Kenneth Anger! Comme d'autres, elle se heurtera tout au long de sa carrière aux ragots, à l'hypocrisie et aux fantasmes de l'Amérique puritaine.

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L'objet du scandale

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Malgré sa retraite précoce son souvenir restera fort, Louise Brooks écrira à Kevin Brownlow lors de la parution de The Parade's Gone By en 1968, pour lui reprocher d'avoir oublié Clara  Bow. Il se ratrappera en lui consacrant un chapitre dans son documentaire télé : Hollywood : A Celebration of the American Silent Film.

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Ses films, quasiment invisibles de nos jours (essayez de trouver une copie de Wings ou de It), laissent une image de la flapper des années 20, symbole de la jeunesse libre et insouciante. Adulée par le public, exploitée par les studios dans des films bon marché, elle réussira à imposer sa soif de vivre et son jeu dynamique et moderne, rompant définitivement avec  l’image virginale des stars du muet comme Lilian Gish ou Mary Pickford, ouvrant la voie à une autre génération. Et qu'elle était belle à 20 ans !

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" All the time the flapper is laughin' and dancin', there's a feelin' of tragedy underneath" Clara Bow

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Commentaires
K
Promis on va le lire dès qu'on sera sobres!<br /> <br /> Les Charlottes Paranottes
M
J'ai trouvé le bouquin de K Anger agréable à lire mais un peu trop, on est vite porté par un certain voyeurisme. Après en cherchant un peu, surtout pour les années 20, on est vraiment dans un mix de réalité et de légende urbaine, le plus dur étant de trier, les légendes ont la peau dure mais il y a eu des biographies sérieuses dont une de Clara Bow qui permettent d'y voir clair. Pour finir je trouve curieux que ce livre qui raconte une part de vérité et des mensonges énormes ne soit pas remis en question depuis le temps ? A part par le critique du Nouvel Obs, ce qui m'avait mis la puce à l'oreille.
M
Je me disais aussi qu'elle commençait à nous manquer la pin-up ! Pour revenir sur ta méfiance vis-à-vis des rumeurs colportées par le bouquin d'Anger, j'ai l'impression que c'est un phénomène vieux comme le monde de prêter aux artistes des moeurs, sinon dépravées, au moins dissolues. Je pense qu'il serait aussi intéressant de lire un ouvrage consacré à la stigmatisation des célébrités (qui tendent parfois la perche pour se faire battre) par un public et des critiques à la fois fascinés et envieux, pour faire la part des choses entre le fantasme et la réalité. Un acteur dont on saurait qu'il va chercher son pain tous les matins, se couche après le film du soir et vit depuis 15 ans avec la même femme, c'est toujours un peu moins "fascinant" qu'un bisexuel héroïnomane qui carbure au Jack Daniel dès le réveil ...
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