Mata Hari, agent H21.Pierre Richard 1964

Une visite à la médiathèque Fellini ne peut commencer sans un regard rapide sur l'étagère des nouveautés (en entrant à droite), ce qui permet de  suivre l'actualité des acquisitions et de repérer rapidement la nouveauté au milieu des guides du cinéma numérique et des documentaires sur Pierre Soulages et je ne manque jamais de m'étonner sur les raisons qui poussent un des responsables à mettre en avant avec constance d'obscure série b comme Les Mille et Une nuit, Le massacre de Fort Douglas ou Le Géant du Nord. L'habitude étant prise de ce rendez-vous hebdomadaire avec le frisson de la réédition, je trouvais il y a peu sur le présentoir une jaquette ornée du visage énigmatique de Jeanne Moreau et d'un titre inconnu Mata Hari, agent H21. Une petite production franco-italienne de 1964 réalisée par Pierre Richard, peu connu comme réalisateur (4 films à son actif), un peu plus comme scénariste régulier de Truffaut ou comme acteur et premier mari de Jeanne Moreau.

Nous sommes en 1917, pendant que l'on s'étripe sur la Marne, dans les salons de la capitale la vie continue, officiers, civils et planqués profitent des plaisirs de la vie parisienne et des cabarets où l'on se bouscule pour assister au spectacle de "danse javanaise" de Greta Zelle - Mata Hari, jeune Hollandaise courtisane et espionne au service du Kaiser mais la belle espionne va tomber amoureuse du jeune capitaines détenteur des plans de notre contre-offensive secréte...

Est-il encore utile de préciser que nous resterons aussi loin du front que de la vérité historique à propos de la célèbre danseuse. On sent seulement deux hommes, François Truffaut au scénario (qui vient de tourner Jules et Jim) et Jean-Louis Richard (son ex-mari) à la réalisation, réunis  pour célébrer l'actrice dont la carriére est en pleine ascension.

L'amour va se révéler plus fort que la mission et finira par perdre la belle espionne qui finira fusillée à l'aube dans les fossés de Vincennes. Un film modeste, porté par la passion du réalisateur et du scénariste pour leur actrice, un film qui commence comme un roman-feuilleton Belle Epoque pour s'achever dans la tragédie solitaire avec son lot de changements de tons et d'invraisemblances mais porté de bout en bout par une Jeanne Moreau irréprochable et l'apparition de nombreux acteurs issus du monde de Truffaut; Jean Louis Trintigant, Claude Rich en fidéle chauffeur, Marie Dubois, Charles Denner en trouffion, Albert Rémy (le pére des Quatre Cents Coups, ici papa de Mata Hari), Jean Pierre Léaud (Absalon !) en fils de bonne famille exalté.

Disponible à la médiathèque Fellini

La premiére illustration remplacera avantageusement la rubrique Pin-Up injustement oubliée en décembre.

Comments

[Madr0x]

C'est intéressant cette face cachée du travail de Truffaut et des acteurs de la Nouvelle Vague. Je peux imaginer qu'on peut très bien faire tenir tout un film sur les épaules charmantes de la jeune Moreau !

Pour ce début de vacances, pas trouvé grand'chose à chroniquer. Débuté la série American Horror Story qui pour l'instant me laisse un peu dubitatif, vu "Ils",une sorte de home invasion français plutôt réussi et "Chair pour Frankenstein" de Paul Morrissey (comment dire ... moins cheap que je l'imaginais, mais pas franchement prenant). Je me remets à du sérieux l'an prochain !.