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CINE CLUB ... L'ÎLE VERTE
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5 janvier 2014

Remise en route

La fin des vacances approche à grands pas, il est donc temps de retrousser ses manches et de se remettre à l'ouvrage. Noël étant une période propice à la procastination et aux indigestions de saumon, je me suis donc laissé aller, avec plus ou moins de bonheur, à quelques visionnages sans prétention pour finir en douceur une année 2013 bien fournie en pépites (à défaut de pépettes). Signalons donc au rayon des bonnes surprises :

ils

Ils (2006) de Xavier Palud et David Moreau, un home invasion plutôt efficace dont j'ai certainement lu à l'époque une critique dans Mad Movies. Tournée en Roumanie - j'imagine pour des raisons budgétaires, comme toute une fournée de productions horrifiques américaines du type Hostel qui finissent par donner l'impression que les pays de l'Est sont exclusivement peuplés de pervers dégénérés - cette histoire d'un couple de trentenaires pris d'assaut dans leur maison isolée par on ne sait pas trop qui ou quoi serait inspirée d'un fait divers survenu en Tchécoslovaquie (comme quoi les pays de l'Est ...). Passé le prologue et une brève présentation du cadre, le film s'appuie uniquement sur ses deux interprètes principaux. Si Michaël Cohen est plutôt fade en écrivain mal rasé, en revanche Olivia Bonamy (la meuf de Duris pour les amateurs de Voici) s'en sort très bien dans le rôle, hérité de Massacre à la tronçonneuse et maintes fois décliné depuis, de la fille jeune et jolie qui va trouver en elle les ressources pour survivre à une situation a priori désespérée. Gardant presque jusqu'à la fin le mystère sur l'identité des home invaders, resserant son intrigue au maximum (en 77 min difficile de multiplier les digressions), Ils constituent un trop rare exemple de film de genre français réussi et la preuve que depuis Potergeist la vision d'un salon plongé dans l'obscurité, au milieu duquel luit la lumière blafarde d'un vieux poste de télévision parvient toujours à faire frissonner (surtout s'il diffuse des émissions roumaines !).  

Olivia Bonamy

    La belle Bonamy en fâcheuse posture ...

Pour les amateurs de hobbiteries, elferies et autres naneries (dont je suis !), le coffret DVD de la version longue du Hobbit - Un voyage inattendu de Peter Jackson (2012), permet au fan (que je suis !) de se rafraîchir la mémoire avant d'aller voir au cinéma la suite des aventures de Bilbi le Bobo. Même si les scènes ajoutées, ou rallongées, s'avèrent moins capitales que celles du Seigneur des Anneaux, le film de Jackson reste sans doute ce qui se fait de mieux dans le genre grosse production pleine de brouzoufs qui chie à l'oeil et se hisse sans problème plusieurs coudées au-dessus de daubes telles que Le Choc des Titans ou le Conan mité de Marcus Nispel. Alors bien sûr, passé à la moulinette du numérique et de la 3D, l'esprit de Tolkien en prend forcément un coup. Les nains ont un look improbable auquel on met beaucoup de temps à s'habituer (mais qui a le mérite de les caractériser d'un seul coup d'oeil, vu qu'il y en a treize, ça aide !), les elfes apparaissent comme de véritables armes de destruction massive au point d'en devenir ridicules (ce sera pire dans la seconde partie, La Désolation de Smaug, avec l'entrée en scène inutile de Legolas et ses combats en mode ninja-bionique), le personnage du magicien Radagast n'évite pas de sombrer à quelques reprises dans une niaiserie disneyenne embarrassante ... N'empêche que cet esprit originel de Tolkien repointe par moment le bout de son nez, par le biais notamment de "l'enquête" menée par Gandalf, en marge de la quête principale des nains, sur les agissements d'un sombre nécromant qui pourrait bien s'avérer être le cruel Sauron (éléments décrits dans Le Seigneur... (le livre), intelligemment réintégré dans Le Hobbit). On le retrouve également - et surtout - dans une scène intimiste aussi réussie que le mythique jeu d'énigmes entre Bilbo (Martin Freeman, membre de la team Wright-Pegg-Frost derrière Shaun of the Dead, remarquable dans le rôle à tel point qu'on regrette qu'il ne soit pas mis plus en avant) et Gollum (virtuellement toujours bluffant). En plus du film lui-même, le coffret propose trois DVD bourrés à craquer de bonus (9h00 de visionnage !) aussi passionnants que ceux du Seigneur des Anneaux, si l'on s'intéresse à tous les aspects de la conception d'un film pour lequel les besoins humains, techniques et technologiques pharaoniques évoquent plus un projet spatial de la NASA que le tournage d'une oeuvre cinématographique.  

Le Hobbit

 Un coffret gravé par les elfes de Gondolin ?

Pour conclure cette chronique un peu fourre-tout de remise en route, je signale l'excellent documentaire proposé par MK2 en bonus du DVD d'Eraserhead, que j'ai regardé comme une mise en bouche au film de Lynch (que j'ai pris sur moi de ne pas revoir - hormis la magistrale scène d'ouverture - me réservant pour sa prochaine diffusion au Ciné-Club). Il s'agit d'un entretien d'1h20 avec le réalisateur. Ce dernier ne nous apprend rien sur le sens de son film. A ce sujet, il se contente de préciser que depuis 25 ans aucun critique, ni aucun spectateur n'en a proposé d'interprétation qui correspondait à la sienne (et qu'il n'a d'ailleurs jamais livrée). En revanche, il revient sur les conditions de tournage très particulières et très étendues (5 ans !) de son premier long-métrage. Toutefois, ce n'est pas tant dans cette successsion d'anecdotes, plus ou moins pertinantes, que réside l'intérêt du documentaire, mais plutôt dans le ton décalé que le réalisateur lui fait prendre progressivement (malgré lui ?). Ce dernier, continuellement cadré serré à côté d'un vieux micro, fume cigarette sur cigarette et raconte avec sa voix nasillarde caractéristique des histoires complètement barrées : comment il a disséqué, puis plongé un chat mort dans du goudron pour l'utiliser par la suite comme accessoire dans son film ; comment son directeur-photo s'est mis un jour à tenir des propos incohérents d'une voix de plus en plus aigüe, comment il a dormi pendant plusieurs mois, en toute illégalité, dans une pièce cadenassée et sans fenêtre, pourquoi il a acheté un nuit cinq poupées de Woody Woodpecker dans une station-service parce qu'elles lui faisaient pitié et qu'il les a gardées par la suite alignées sur le siège-arrière de sa voiture ... Même en interview, Lynch ne peut s'empêcher d'être lynchien ! Le sommet de l'incongruité est atteint lorsque son ex-assistante Catherine Coulson (qui a travaillé également sur Meurtre d'un bookmaker chinois et incarne dans Twin Peaks l'inoubliable Femme à la bûche) intervient pour raconter ses souvenirs via le haut-parleur d'un téléphone. Lynch l'écoute parler, sérieux comme un pape en tirant sur sa clope et acquiesce régulièrement en gueulant vers le combiné des laconiques "YES CATH !!!"  ou "SURE WE DID !!!". Un homme définitivement installé aux portes de l'étrange ...      

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Commentaires
M
Le plus dur est de reprendre le collier, c'est aussi chose faite pour moi et toujourss impatient de découvrir Eraserhead.
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